Bandes-Dessinées





White Cube, Brecht Vandenbroucke, éditions Actes Sud BD

Enfin publié en France : le meilleur de la BD flamande! Brecht Vandenbroucke à découvrir en ce moment à la galerie Martel.











 Iron Bound, Brendan Leach, éditions çà et là

New Jersey, 1961. Deux blousons noirs pris dans l'enfer de la mafia... Flics corrompus, bad girls et grosses cylindrées. Totalement rock’n’roll !













Vois comme ton ombre s'allonge, Gipi, éditions Futuropolis


Fragments de la vie d'un homme, ses rêves, son passé et ses obsessions... Un récit d'une force et d'une profondeur bouleversantes. Du grand Gipi !











Moderne Olympia, Catherine Meurisse, éditions Futuropolis

Olympia va t-elle percer et devenir une star? Pourra t-elle assumer au grand jour son amour pour Romain? Vaincra t-elle sa rivale Vénus? Vous le saurez en lisant l'hilarant Moderne Olympia de Catherine Meurisse !











Le Grand Combat, Zéphir, aux éditions Futuropolis

Le jeune Zéphir, avec sa première B.D. a de quoi faire trembler ses ainés.
La relève est assurée!













Synthèses, Gus Bofa, aux éditions Cornélius

Le génie de Gus Bofa traverse le temps.















Paco les mains rouges, fabien Vehlmann et Eric Sagot, éditions Dargaud

Paco comprend vite le sens de sa sanction : perpétuité en Guyane. Au bagne de Cayenne, s'il veut survivre, il doit devenir "Paco les mains rouges"...
Au milieu de sa descente aux enfers, une rencontre le raccroche à la vie.
Bien plus qu'un récit de bagnard, Vehlmann signe encore une histoire intense.












Mathilde: danser après tout, Mathilde Monnier & François Olislaeger, aux éditions Denoël Graphic

Le processus de création de la chorégraphe Mathilde Monnier brillamment mis en dessins par François Olislaeger.
Fascinant.














Le centre de la Terre, Anneli Furmark, aux éditions Ça et Là

On est immédiatement embarqués au coeur de la nature islandaise, spectaculaire et terrible, et dans l'histoire captivante d'Anneli Furmark.
Un voyage magnifique et inquiétant.












Jack Joseph: Soudeur sous-marin, Jeff Lemire, aux éditions Furutopolis

Une BD magnifique sur les souvenirs, ceux qui émergent de l'eau et qui virevoltent à travers le temps.
Les souvenirs qui nous emportent bien plus loin que l'on pourrait l'imaginer.
Un petit bijoux.













 


 L'heure du loup, Rachel Deville, éditions Apocalypse

Rachel Deville, jeune illustratrice au dessin charbonneux, nous plonge dans son inconscient onirique et angoissant, de ses cauchemars sur des thèmes aussi variés que vastes...
Une belle mise en abîme à L'heure du loup











 
 


 Les pieds dans le béton, Nicolas Wouters & Mikaël Ross, édition Sarbacane

Deux amis d'enfance qui s'étaient perdus de vus se retrouvent pour une nuit de débauche, de souvenirs et de choix.
Un récit d'une beauté sauvage! 













 

Mon ami Dahmer, Derf Backderf, édition Çà et Là   

Une plongée cauchemardesque dans l'adolescence d'un serial-killer...
Un roman graphique digne des meilleurs polars, sauf qu'ici, tout est vrai.
Totalement glaçant!!! 















Aisha Franz, Brigitte et la perle magique, éditions ça et là

Si vous aimez Anouk Ricard, vous adorerez Aisha Franz, la perle rare de la bédé allemande ! 
Brigitte, une histoire d'espionnage romantico-troisième degré: WUNDERBAR !














Jorge Gonzales, Chère Patagonie, éditions Dupuis
Commerçants allemands, bandits américains, émigrés espagnols, anciens nazis, indiens rescapés, boxeurs manchots...
Un siècle d'histoire de l'Argentine en une BD fleuve et ambitieuse. 
A LIRE ABSOLUMENT !!











Power Paola, Virus tropical, L'Agrume

Entre Equateur et Colombie, une saga familiale déjantée et haute en couleur qui révèle une auteure furieusement douée.
Une belle découverte !















Chester Brown, Vingt-trois prostituées, Cornélius

Sous ses airs de looser, Chester Brown nous fait bien cogiter.... Une Vraie réussite ! 


Joe Sacco/Chris Hedges, Jours de destruction, jours de révolte, Futuropolis


Chaque ligne de Chris Hedges et chaque image de Joe Sacco réveillent notre conscience endormie, soulèvent notre indignation et notre besoin de révolte !!












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Colo, Dav Guedin-Craoman, éditions Delcourt





Dav Guedin et Craoman, marqué par Crumb et Matt Konture, nous questionnent sur la frontière parfois ténue entre le normal et le pathologique et sur notre rapport à la folie.
Un récit cruel et drôle!





 La traversée du Louvre, David Prudhomme, éditions Louvre/Futuropolis






Le 7 juin prochain, paraît le nouvel album issu de la collaboration des éditions Futuropolis et du Musée du Louvre. Cette fois-ci, c'est David Prudhomme, l'auteur discret du remarquable Rébétiko, qui se prête à l'exercice périlleux consistant à s'inspirer de ce musée à l'histoire imposante.

Écrire sur le musée du Louvre, immense écrin des plus grandes œuvres de l'humanité, semble un projet d'une ambition insensée, en particulier quand des auteurs comme Nicolas de Crécy et Marc-Antoine Mathieu, pour ne citer qu'eux, ont su s'emparer brillamment de l'esprit du lieu pour créer des histoires singulières et en faire des albums cultes.

Avec La traversée du Louvre, David Prudhomme parvient à retourner le problème à son avantage, et réussit à nous surprendre, sur un thème dont on croyait déjà tout connaître.
S'il nous avait déjà marqué avec son album Rébétiko, paru aux éditions Futuropolis en 2009, dans lequel il donnait à ses personnages une densité telle qu'ils semblaient être réels, il nous prouve ici encore son humanisme et son don pour l'observation.
Son idée est simple et pourtant inhabituelle : plutôt que d'écrire sur le musée lui même où sur les œuvres qu'il abrite, ce sont les visiteurs qui ont retenu son attention.
On imagine alors le travail de l'auteur, déambulant de salle en salle, à la recherche de son sujet, étourdit par la multiplicité des possibilités et réaliser qu'invariablement, c'est sur l'humain que son regard s’arrête.

Dès lors, c'est avec une démarche presque sociologique qu'il décrit les visiteurs du musée, s'amuse de leur comportements, et du sien.
Comme en suivant un guide qui attirerait notre attention non pas sur les œuvres mais sur ce qui se passe à côté d'elles, on lit cette bande-dessinée habités par l'impression étrange d'avoir déjà croisés ces visages et d'avoir réellement vécu ce qui s'y passe.

Par des lignes et une mise en couleur très sobre et toujours modeste , il arrive à capter des expressions, des postures et des attitudes parfaitement justes. Ses cases, composées comme des illustrations, pourraient tout à fait être regardée indépendamment les unes des autres.
Une partie de son travail porte sur le mimétisme et la ressemblance des visiteurs face aux œuvres. Avec un regard drôle et bienveillant, il pointe du doigt les comportements un peu désuets des touristes tout en lançant de jolies pistes de réflexion ( «on a beau réunir  toutes les langues du monde, elles se croisent en silence »). Tout au long du livre, par des trouvailles dans le dessin et des astuces dans la narration, le lecteur est appelé à tourner la page pour y trouver une nouvelle surprise.

Les planches de l'album seront exposés sous la Pyramide du 20 juin au 8 septembre 2012 et si l'on décide d'en profiter pour aller se perdre dans les salles du musée, il est probable que l'on regarde les autres visiteurs différemment... 




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Albert Camus, L'étranger, accompagné des dessins de José Munoz,
 éditions Futuropolis/Gallimard



Les dessins de Munoz, habités par l'esprit de Camus
 nous incitent à relire différemment ce texte inoubliable. 
Une belle expérience de lecture.



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Mattt Konture/ Francis Vadillo, L'éthique du souterrain + Comixture jointe, l'Association 

Enfin !! Un film de qualité sur l'influence indéniable de Mattt Konture sur la bédé underground française. 
Une Comixture 
PUNK
TOUCHANTE
ET PLEINE DE VIE !!!!





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Rébétiko, David Prudhomme, Éditions Futuropolis


Fin des années trente en Grèce, 
la dictature s'installe. 
Les esprits libres échappent à la misère en dansant et en jouant le Rébétiko toutes les nuits...
Vous aussi, en ces temps incertains, oubliez tout dans les bars et dans la musique ! 




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Une métamorphose iranienne, Mana Neyestani, éditions ça et là 





Une métamorphose iranienne retrace le cauchemar vécu par le dessinateur Maya Neyestami depuis le jour où, au cours de l'année 2006, un dessin publié dans un magazine pour la jeunesse lui a valu d'être emprisonné, menacé et finalement contraint à l'exil.
Tout part d'un mot azéri (une langue parlée par la population turque d'Iran), griffonné sans arrière pensée et qui mal-interprété a embrasé les rues iraniennes et a fait de Maya Neyestami le symbole pour les azéris de l'oppression du gouvernement iranien sur leur peuple. Durant son emprisonnement, plusieurs manifestations seront sévèrement réprimées par les autorités, faisant de nombreux morts.
Dans ce dédale de cruauté totalitaire l'auteur parvient, avec recul et humour, à éclairer le lecteur sur les problèmes de censure dans son pays. Il quittera l'Iran lors d'un droit de sortie temporaire pour venir s'installer à Paris où il vit aujourd'hui.


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Nocturne, Pascal Blanchet, éditions de La Pastèque




Pour son quatrième livre, Pascal Blanchet, illustrateur inclassable publiant régulièrement dans le New-Yorker et le National Post, nous fait voyager dans le temps.
Par une étouffante nuit d'août 1948, trois personnages que rien ne semble lier entre eux vivent un drame personnel qui les laisse éveillés jusqu'au matin. Dans cette bande-dessinée d'atmosphère, la radio ne dort pas et le son de In the still of the night, morceau de Cole Porter, accompagne les insomniaques et les travailleurs de nuit.
Au fil des pages en clair/osbcur, la ville sublime et imposante donne l'impression que les drames existentiels vécus par les protagonistes se jouent sur une scène de théâtre. Témoignage élégant du goût de l'auteur pour le design et l'architecture du milieu du siècle dernier, Nocturne est aussi une invitation à l'écoute de musique Jazz. Pascal Blanchet, dont l'attrait pour le dessin vient de pochettes de disques trouvés enfant chez ses grands-parents, nous donne à lire dans les dernières pages du livre, une discographie de mélomane averti. 








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 3'', Marc-Antoine Mathieu, Editions Delcourt

UN EXERCICE DE STYLE PHÉNOMÉNAL !










 Coucous Bouzons, Anouk Ricard, Editions Gallimard


 L'univers impitoyable d'une entreprise décrit à grands coups d'humour noir. Caricatural ? Peut-être pas tant que ça...









 Les amateurs, Brect Evens, Actes Sud BD

Une nouvelle figure incontournable de la BD est née. Brecht Evens nous met la tête à l'envers !!!










Lemon Jefferson et la grande aventure, Simon roussin, Editions 2024


Lemon nous donne une belle leçon de courage, d'abnégation et de naïveté...
Au fil des pages, vous croiserez des vierges en péril, un colosse au grand coeur et beaucoup de crayons feutres !!






Frances, Joanna Hellgren, Editions Cambourakis


Lecteurs de Sophie Oksanen (Purge), amateurs du cinéma de Thomas Vinterberg (Festen), Découvrez Joanna Hellgren, jeune auteur brillante et laissez vous entrainer par Frances et Ada, deux têtes brûlées s'émancipant de leur passé et des conventions sociales.
Une BD d'une beauté et d'une justesse rare.



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La page Blanche, Pénélope Bagieu/Boulet, sortie le 18 janvier 2012

En quête de soi

En réunissant les deux auteurs phare de la blogosphère le temps d'un album, Guy Delcourt publie quelques jours avant le festival d'Angoulême ce qui s'annonce comme la sortie événement du début d'année. Un scénario dense et un dessin délicat pour des pages loin d'être blanches...


Respectivement connus pour leurs blogs Ma vie est tout à fait fascinante et Bouletcorp qui comptabilisent chacun plusieurs dizaines de millier de visites quotidiennes, Pénélope Bagieu et Boulet naviguent du support numérique au papier avec un succès grandissant.

S'il a déjà beaucoup publié et notamment six tomes de ses Notes chez Delcourt, c'est la première fois que Boulet délaisse le crayon au profit du seul scénario. Il livre ici l'histoire troublante d'Eloise, une jeune femme qui perd mystérieusement la mémoire et enquête sur sa propre identité. Le récit commence au moment où, assise sur un banc, l'héroïne reprend ses esprits et réalise qu'elle a oublié son identité, de son adresse jusqu'à son propre nom. Débute alors une étonnante investigation, où elle va méthodiquement fouiller son appartement, de la bibliothèque au fond du placard, essayant d'y trouver des indices qui pourraient l'aider à recouvrer la mémoire.

Le dessin est entièrement réalisé par Pénélope Bagieu qui, forte de cette collaboration nous prouve son talent avec un trait plus lâché que dans ses albums précédents et des points de vue audacieux. Elle parvient à donner vie à son personnage et, par des postures, des gestes et des expressions, lui construit une véritable personnalité. Elle démontre, avec ce trait féminin qui la caractérise que le plus petit geste, aussi anodin puisse-t'il paraître en dit long sur quelqu'un.

En faisant de son héroïne une libraire travaillant pour une grande surface culturelle, le scénariste s'interroge sur la culture de masse et la place écrasante qu'elle occupe, au détriment d'une sensibilité individuelle. La question est de savoir si, dans le fond, nos goûts témoignent avec justesse de la personne que l'on est vraiment. A la croisée du polar et du conte initiatique, le scénario de Boulet est dense et traverse autant de thèmes, de lieux que d'atmosphères différentes. Très cinématographique, son histoire témoigne d'un imaginaire nourrit à la fois de questions d'ordre métaphysique que de préoccupations triviales et amusantes.

Au fil des pages, le drame de l'amnésie laisse place à l'introspection puis la reconstruction. Avec l'humour qu'on leur connaît, Boulet et Pénélope Bagieu entraînent leurs lecteurs vers cette conclusion optimiste : peu importe qui nous nous avons été, l’essentiel est de savoir qui l'on veut devenir. 


Roxanne Moreil


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L'étonnant voyage de Zep.


Publié chez Gallimard, le Carnet intime de Zep réunit vingt ans de croquis réalisés lors de voyages dans le monde entier, choisis et assemblés par le dessinateur et son éditeur, Thierry Laroche. Avec un regard amusé teinté de mélancolie, l'auteur revient ainsi sur sa vie tout en soulevant des questions universelles, sortant de la seule sphère privée pour toucher son lectorat en profondeur. Un voyage dont on ne sort pas tout à fait indemne...


Propos recueillis par Roxanne Moreil, Librairie La Manoeuvre, Paris 11e



Roxanne : Noircir des carnets de croquis, c'est le réflexe quotidien de tout dessinateur. Comment vous sont venues l'idée et l'envie d'en publier un recueil ?
Zep : Ces carnets ne sont pas des carnets de recherche pour un livre. Ils constituent mon hygiène de dessinateur. Pendant des années, il n'était même pas question de les montrer à mes proches. Petit à petit, mes résistances ont lâché. Je les ai présentés dans diverses expositions…Un éditeur est venu et le livre a pris forme.

R. : Le livre porte le titre de Carnet intime. Ce sont davantage les légendes des dessins que leurs sujets même qui évoquent votre vie privée. Pourquoi, vous qui êtes plutôt un auteur de fiction, avez vous eu envie de travailler à partir votre vie personnelle ?
Z. : J'ai toujours travaillé à partir de ma vie privée…mais caché derrière un personnage de bande dessinée. Quand je suis assis pendant une demie heure face à un arbre que je dessine, mes pensées vagabondent. C'est un temps de méditation. Sur mon rapport au dessin, le fait d'observer le monde immobile…et forcément sur ma vie d'homme. Ce sont ces pensées que j'écris au bas des dessins. Mais les dessins eux-mêmes ont une intimité plus grande que le textes. Plus évocateurs qu'explicites, mais ce sont eux qui représentent la part intime du dessinateur.


R. : Le livre regroupe des dessins réalisés sur près de vingt ans, pourtant, ils ne sont pas donnés à lire chronologiquement. D'une page à l'autre nous faisons des bonds en avant et en arrière de plusieurs années. Pourquoi avoir pensé la lecture de cette façon aléatoire ?
Z. : La chronologie a été faite à partir des dessins. Nous avions envie de commencer par le Sud de la France….puis de voyager plus loin.


R. : Par ailleurs, ces carnets regroupent certainement une maigre partie de ce que vous avez dû croquer en voyage. Comment avez vous choisis les dessins publiés ici ? Votre choix s'est-il porté sur les dessins eux-même ou sur les souvenirs qu'ils évoquent ?
Z. : C'est un choix fait avec Thierry Laroche, mon éditeur. C'était essentiel d'avoir son regard. Certains de ces dessins sont trop chargés ou trop lointains pour moi, je n'aurais pas pu faire le choix seul. A l'arrivée, les dessins évoquent des souvenirs assez variés. Du sexe, de la violence, du suspense…


R. : J'imagine que revenir sur toutes ces expériences vous a permis de constater de l'évolution de votre vie. En va t-il de même pour votre dessin ? Comment voyez-vous l'évolution de votre trait ? Avez-vous encore le sentiment d'apprendre ?
Z. : Bien sur. Mon dessin bouge et va encore bouger. Je suis un dessinateur obsédé du détail. J'ai vraiment besoin de "capturer" ce que je vois par le trait. C'est une quête, un truc qui peut rendre fou. C'est donc essentiel de continuer à faire travailler ma main et mes yeux…sinon, je finirais dessinateur de mangas.


R. : J'ai l'impression que vous entretenez avec le voyage un rapport ambivalent et l'on constate en lisant les légendes de vos dessins que vous vous amusez de vous voir en touriste. Quelle est la place du dessin dans ces moments ? Y voyez vous une sorte de refuge ?
Z. : Oui! Oui! Au départ, ces carnets me sauvaient! J'avais une angoisse du voyage, de débarquer dans un lieu ou je ne n'avais aucun repère, ou je ne connaissais rien. Je dessinais frénétiquement à peine arrivé pour me fabriquer une familiarité avec l'endroit… Mais ce n'était pas une démarche touristique. Je dessinais pour apprivoiser la ville. Je pouvais dessiner les plaques d'égout, les réverbères (j'adore les réverberes), une cage d'escaliers, une porte… J'avais besoin de devenir familier. Je n'allais pas dessiner les monuments fameux. Ceux-là étaient déjà connus et donc rassurants.


R. : L'homme est le grand absent de ces Carnet intime. La problématique des lieux pérennes revient souvent à travers les vieux édifices, les arbres remarquables, etc. Êtes-vous d'accord pour dire que vous semblez un peu préoccupé par le temps qui passe et la place qu’occupe l'homme dans l'histoire millénaire du monde ?
Z. : Oui. On ne fait que passer sur cette planète, mais on continue à se comporter comme si nous étions éternels. Je trouve ça flippant.















Zep a déjà prouvé plusieurs fois l'habileté avec laquelle il se promène entre le monde des enfants et celui des adultes.
Il faut se méfier du titre de son dernier livre car en réalité, alors que l'on s'attend à avoir des réponses sur ce dessinateur surdoué, il soulève au contraire beaucoup de questions.
Dans son Carnet Intime, il est question d'un homme qui de peur de l'inconnu se réfugie dans le dessin pour apprivoiser le monde et s'en protéger. En revenant sur une production de presque vingt ans, il parvient à observer, amusé, l'époux et le père qu'il est devenu.
Cet obsédé du détail, qui aime perdre son trait dans les méandres des racines d'arbres ou dans l'anarchie architecturale des toits de Paris, tente de comprendre quoi et comment regarder. A travers les légendes de ses dessins, il essaye d'extraire avec le plus d'objectivité possible l'essence de l'instant fugace de la réalisation du croquis, et reporte ses pensées, de la plus triviale à la plus profonde.
D'une page à l'autre, il nous fait passer par toutes les émotions et, avec aisance et modestie nous offre un dessin toujours plus évident en dépit de la complexité des sujets choisis. Un voyage plein de surprise et de sensibilité.